Pourquoi (et comment) skier avec un exosquelette ?
Par Red Bull France, le 20/11/2019
Qui n’a jamais rêvé de pouvoir s’enquiller des pistes toute la journée sans se fatiguer avec un exosquelette ? Et bien sachez que ce fantasme est – enfin – devenu réalité, grâce au ski augmenté.
C’est la fin de la journée, vos genoux sont défoncés, mais vous ne seriez pas contre l’idée de dévaler une ou deux pistes en plus. Sauf que physiquement, c’est impossible. Enfin c’était impossible. Car cette endurance prolongée est aujourd’hui accessible grâce au ski augmenté. Oui c’est cool, et d’autant plus qu’en janvier prochain (le week-end du 25-26) aura lieu le premier Championnat Mondial OPEN de Ski Augmenté, à l’Alpe d’Huez. Pour en savoir plus, on a donc demandé à la marraine de ce nouveau championnat, Ophélie David, de nous présenter cette jeune pratique.
Hier encore j’avais 20 ans
Le fonctionnement du ski augmenté est relativement simple, nous dit Ophélie : « Cette pratique repose sur l’utilisation d’un exosquelette, qui est une genouillère intelligente, et performante, capable d’alléger votre poids. Par conséquent, cela vous permet de libérer vos articulations. Ainsi vous pouvez skier malgré des douleurs musculaires (…) Je vois un peu le ski augmenté comme le cousin germain du vélo à assistance électrique. Il vous permet d’agrandir votre territoire de pratique. Par exemple, si vous avez mal aux genoux au bout de 2 pistes, là vous pouvez pousser plus loin.»
Cette idée d’exosquelette est née dans la tête d’un certain Owen Eastwood, un inventeur anglais qui, dans les années 90 (face aux douleurs qu’il ressentait en skiant) a développé un prototype breveté en 2006, qui s’est largement décliné et répandu en Europe, puis à travers le monde, avant d’être repris et développé par plusieurs marques, dont Ski Mojo fait partie. C’est avec eux que Ophélie David s’est associée, pour créer le premier Championnat Mondial de Ski Augmenté : « On s’est retrouvés cet automne, sur un meeting regroupant plusieurs marques liées à l’Outdoor (…) J’ai discuté avec le fondateur de Ski Mojo, il souhaitait créer un événement, et j’ai tout de suite trouvé l’idée hyper séduisante. » explique Ophélie.
Ce championnat, c’est l’occasion de faire connaître le ski augmenté, mais surtout de faire participer absolument tout type de rider : « N’importe qui peut venir, à partir du moment où il possède un exosquelette. On est en train de travailler sur des systèmes de compensation, puisque l’on compte aussi des personnes handicapées, qui vont être classées aux côtés de personnes valides. Au final, nous n’avons pas de catégories différenciées. »
Et c’est – surtout – un championnat totalement libre et détaché de toute organisation : « On est hors fédération, et l’on s’est auto-proclamé Championnat. Cette pratique n’est reconnue nulle part. Ainsi, pour tout ce qui est notation, on s’est basé sur une flèche type ESF, en version rallongée (…) On voulait la précision et la vitesse du racing, en montrant qu’avec un exosquelette on pouvait améliorer la durée de la pratique. »
L’exosquelette n’est pas en mesure de booster d’emblée toutes vos performances, mais vous offre une plus grande résistance (à la fatigue, entre autre). Plus résistant – pour ne pas dire invincible – vous pouvez vous entraîner plus longtemps. D’ailleurs, le fait de pratiquer sur des sessions plus longues peut vous permettre de gagner en masse musculaire (à défaut d’en perdre, ce que beaucoup appréhendent en raison du soutien et du confort apportés par l’exosquelette).
Plus jamais sur les rotules (ou presque)
Si l’engin vous séduit, sachez qu’il est – en plus d’être efficace – très facile à porter, nous affirme Ophélie : « L’exosquelette vient s’attacher sur le sommet de votre chaussure. Ensuite, vous enfilez une espèce de baudrier qui vient vous prendre aux hanches. Entre les deux, il y a tout un système de ressorts que vous actionnez plus ou moins, et qui soulagent vos articulations. On peut aller jusqu’à 70% du poids de corps en moins, donc si vous pesez 100 kg, et bien vos genoux ne travaillent plus qu’avec 30 kg. Ça fait une différence énorme. »
Dans ce contexte, est-ce qu’on peut se dire qu’un rider, de base excellent, puisse dépasser ses limites grâce à ça ? Pas tout à fait : « Oui et non, ça reste une assistance technique avec laquelle vous allez peut-être retrouver une force physique dans vos appuis que vous n’aviez plus forcément. Là-dessus, l’exosquelette peut vous aider. Maintenant, cela ne va pas vous faire passer de la première à la troisième étoile du jour au lendemain. » précise Ophélie.
Un skieur augmenté doit donc faire preuve des mêmes qualités qu’un rider lambda : « On exige d’un skieur muni d’un exosquelette les mêmes qualités qu’un skieur qui n’en a pas. Il faut toujours être technique, équilibré sur le Géant, maîtriser des virages coupés et avoir une belle lecture de trajectoire. »
Enfin, on parle de ski augmenté, mais il faut savoir que la technologie est en train de s’adapter à d’autres disciplines, comme le snow par exemple : « On a de plus en plus de riders, des passionnés de ski, qui s’y essayent et qui viennent se régaler sur les pistes mais aussi en hors-pistes. » Alors lâchez Anthem, et jetez vous dans la poudreuse !
Le mot de l’équipe Ski~Mojo : merci Red Bull Snow pour cet article. Peut-être une petite précision, Ophelie David s’est sentie tellement légère qu’elle a cru que 70% de son poids avait disparu alors qu’en réalité les proportions sont inversées. C’est bien plutôt 30% de soulagement mais l’effet reste spectaculaire… certains diraient “bluffant”.
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